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La grande libération des années 1970-80

La période 1965-1980 est profondément marquée par des bouleversements sociaux et culturels qui ont permis au cinéma d’aborder plus librement des sujets auparavant tabous. Ces évolutions sont intrinsèquement liées à deux dynamiques majeures : la libération sexuelle et l’assouplissement progressif des systèmes de censure.

La libération sexuelle

Dans les années 1960 et 1970, les sociétés occidentales et certaines parties de l’Asie connaissent une remise en question des normes traditionnelles autour de la sexualité. Des mouvements sociaux comme le féminisme, la révolution sexuelle et l’émancipation des minorités sexuelles créent un climat favorable à l’exploration des rapports de pouvoir et des pratiques sexuelles marginales, y compris le BDSM.

En France et ailleurs, Mai 68 incarne une revendication de liberté individuelle, y compris dans le domaine de la sexualité. Le BDSM, en tant qu’exploration des limites du plaisir et du pouvoir, s’intègre dans cette dynamique de dépassement des interdits.

Par exemple Histoire d’O (1975) transpose cet esprit en offrant une lecture ambiguë de la soumission volontaire comme choix radical d’émancipation.

L’accès élargi à la contraception et la légalisation progressive de l’avortement permettent une séparation entre sexualité et reproduction, ouvrant la voie à des pratiques axées sur le plaisir et l’expérimentation.

Bien que le féminisme des années 1970 critique parfois le BDSM comme une forme de perpétuation du patriarcat, des voix féminines comme celles d’Anne Rice ou de réalisatrices indépendantes commencent à revendiquer une sexualité complexe et plurielle.

L’assouplissement des systèmes de censure

Pendant longtemps, la représentation de la sexualité explicite était limitée par des systèmes de censure stricts, tels que le Code Hays aux États-Unis et les commissions de censure nationales dans d’autres pays. Cependant, plusieurs évolutions légales et culturelles dans les années 1960-1970 permettent au cinéma d’explorer davantage ces thématiques :

L’abandon du Code Hays en 1968, remplacé par le système de classification MPAA, permet de représenter plus librement la sexualité et la violence.

En Europe, les censeurs deviennent plus permissifs, surtout dans des pays comme la France et l’Italie, où la culture cinématographique valorise la provocation et l’expérimentation artistique.

Salo ou les 120 journées de Sodome (1975) de Pasolini choque par son exploration explicite des abus de pouvoir et des pratiques sadomasochistes dans un cadre politique.

Bien que soumis à des restrictions, les réalisateurs japonais contournent souvent la censure par des métaphores visuelles ou des récits artistiques. Le genre émergeant des films érotiques (pink eiga) intègre des éléments BDSM, comme dans L’Empire des sens (1976), qui subit des coupes importantes lors de sa sortie internationale.

L'empire des sens

Une esthétique transgressive, reflet d’une époque

Dans ce climat de libération sexuelle et d’assouplissement de la censure, les films abordant le BDSM ne sont pas simplement provocateurs : ils deviennent le miroir d’une société en pleine transformation. Les œuvres cinématographiques de cette période explorent la sexualité comme un terrain de lutte entre normes sociales et pulsions individuelles.

Les films comme Les Larmes amères de Petra von Kant (1972) ou Swept Away (1974) de Lina Wertmüller jouent sur l’ambiguïté des rapports de domination, où plaisir et souffrance coexistent.

Salon Kitty (1976) et Salo (1975) utilisent les codes du BDSM pour dénoncer les abus de pouvoir et les systèmes totalitaires, montrant comment la sexualité peut devenir un outil de contrôle ou de rébellion.

Les films comme Maîtresse (1976) ou les productions plus underground mettent en avant la femme dominante, souvent en cuir noir et entourée de symboles de pouvoir. Cette esthétique devient une icône de l’émancipation féminine tout autant qu’un objet de fantasme.

Le BDSM dans le cinéma mondial entre 1965 et 1980 est un sujet fascinant, marqué par des évolutions sociales et culturelles majeures qui ont influencé la manière dont ces thématiques étaient représentées. Cette période correspond à une libération sexuelle croissante, à des mouvements sociaux révolutionnaires et à une remise en question des normes traditionnelles, ce qui a permis au cinéma d’explorer plus ouvertement des thèmes auparavant tabous. Voici un aperçu des tendances et des œuvres marquantes de cette période :

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