« Quelquefois, en coiffant mes maîtresses, j’ai eu l’envie folle de leur déchirer la nuque, de leur fouiller les seins avec mes ongles… ».
Dans Le Journal d’une femme de chambre, Mirbeau propose une critique acerbe du paysage médiatique, des aspirations politiques et des compromissions éthiques, tout en intégrant des scènes d’une intensité perturbante pour ceux qui aiment déchiffrer les dynamiques de pouvoir intimes.
Parmi ces instants, l’épisode des bottines (qui trouve également un écho dans Le Jardin des supplices et Quai des Orfèvres) encapsule un univers de domination fétichiste : un simple détail vestimentaire devient le point de départ d’un enchaînement de désirs, de soumissions implicites et d’humiliations subtiles.
Sous des apparences de roman social et politique, Le Journal d’une femme de chambre renferme des éclats de sensualité et de cruauté qui révèlent chez Mirbeau une sensibilité à la mise en scène, à la tension érotique et à l’influence délicate de l’objet sur le corps et l’esprit.