Parmi mes œuvres préférées de Mirbeau, « Le Jardin des supplices » se distingue comme un véritable chef-d’œuvre inclassable, au croisement du roman érotique, de la satire politique et du récit de cruauté raffinée. Le protagoniste, un libertin désillusionné, est captivé par une femme énigmatique qui l’entraîne jusqu’en Chine, où elle lui fait découvrir un jardin luxuriant… dont les parterres sont alimentés par le sang de victimes subissant des tortures.
Mirbeau allie habilement sensualité et horreur, attirance et répulsion, au sein d’une prose somptueuse qui élève la torture au rang de rituel esthétique. Le récit regorge de passages d’une intensité dérangeante, notamment l’épisode des bottines, un écho direct à une scène similaire du « Journal » de Mirbeau, que l’on retrouve également dans « Quai des Orfèvres », où le fétichisme se teinte d’une tension érotique presque insoutenable.
« Le Jardin des supplices » est une œuvre captivante par son alliance de la beauté et de la barbarie, offrant une immersion dans un monde où l’érotisme prospère dans l’ombre de la mort et du pouvoir absolu.