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Le BDSM et la domination au Cinéma

Liza

Sortie : 1972
Affiche du film Liza

Présentation officielle / Extrait

Titre original : La Cagna
Réalisation : Marco Ferreri
Sortie : 1972

Synopsis

Liza (Catherine Deneuve), une jeune femme très belle mais psychologiquement instable, décide sur un coup de tête de quitter les amis avec lesquels elle faisait une croisière en bateau pour se faire déposer sur une île quasi-déserte. Sur l’île, Giorgio (Marcello Mastroianni), un professeur d’archéologie vieillissant et solitaire, vit seul avec son chien Melampo. Il accueille Liza avec une froideur bourrue, soigne son pied blessé par une épine en le suçant, lui fabrique des chaussures et l’installe chez lui pour la nuit, dans la boule de pierre où il habite. Ils font l’amour, et il dessine un portrait d’elle (sans le visage).

Au matin, Liza demande à Georgio de la ramener sur la terre ferme où elle retrouve ses amis. Mais vite elle change d’avis et retourne sur l’île et dans les bras de Georgio. DE plus en plus attirée par cet homme taciturne et distant, elle ne tarde pas à se plaindre de son manque de tendresse.

Elle emmène Melampo se baigner avec elle et nage loin, au point que le chien meurt d’épuisement. Elle avoue à Georgio qu’elle est responsable de sa mort, retire le collier du corps du chien et se le passe au cou. Alors qu’elle est agenouillée aux pieds de Georgio, celui-ci lance un bâton dans l’eau et elle se précipite pour le ramener, à plusieurs reprises. Plus tard il la soigne, et lui donne à boire dans l’écuelle de Melampo tandis qu’elle lui lèche la main.

Un jour le fils de Giorgio arrive sur l’île pour lui annoncer que sa mère a fait une tentative de suicide. Georgio le suit à Paris en laissant sur l’île Liza qui voulait l’accompagner. Giorgio retrouve la tristesse familiale, la foule, le snobisme, les compromissions, l’amitié vide…Et Liza lui désobéit et vient chercher son maître au sein même de sa famille. Après avoir constaté que le dialogue avec sa femme est impossible, Georgio rentre sur son île avec Liza.

Des légionnaires viennent sur l’île pourchasser un déserteur, et l’officier provoque la jalousie de Giorgio en s’intéressant à Liza. Il la punit violemment. Les ennuis s’enchaînent : un ancien officier allemand leur prend toute leur production d’olives sous prétexte qu’il avait planté les arbres pendant la guerre. Puis leur canot part à la dérive, ce qui les rend prisonniers sur l’île. La situation devient critique. Georgio parvient à réparer un vieil avion allemand datant de la guerre mais ne parvient pas à le faire décoller.

Commentaires

Le film Lisa, réalisé par Marco Ferreri, explore une relation complexe de domination et de dépendance entre une jeune femme fragile et un homme plus âgé, ancré dans des dynamiques de pouvoir et de contrôle psychologique. Giorgio, fasciné par la vulnérabilité et la soumission apparente de Lisa, la garde dans un état de dépendance émotionnelle et physique. Il la manipule et la contrôle, tout en la protégeant, renforçant ainsi une emprise sur elle, dans un mélange troublant d’affection et de cruauté.

« Liza » est souvent interprété comme une métaphore des dynamiques de pouvoir dans les relations humaines, illustrant la complexité des liens entre amour, besoin de contrôle, et la fragilité de la psyché humaine. Le film explore ainsi les zones d’ombre de l’attachement et du désir de possession, avec une esthétique qui combine la tendresse et l’angoisse, typique du style de Ferreri.

Le BDSM est utilisé comme un moyen pour explorer des dynamiques de pouvoir et de dépendance, mais sous une forme très inhabituelle. La relation entre Georgio et Liza devient rapidement asymétrique et tourne autour de comportements destructeurs, où l’emprise psychologique et le contrôle sont au centre, avec des éléments BDSM qui révèlent une complexité émotionnelle et une fascination pour la souffrance et la soumission.

La dynamique est centrée sur une emprise émotionnelle et psychologique qui se développe en une forme de servitude mutuelle. Giorgio, par son contrôle mental et physique, se met dans la position du dominant, exerçant une autorité sur Liza qui devient, en quelque sorte, une métaphore de la dévotion et de l’annihilation personnelle. Ce thème est accentué par le fait qu’elle en vient même à être traitée comme un animal, un motif choquant qui exprime l’abandon total de soi dans la relation, évoquant les aspects les plus sombres de la soumission.

Cependant, à la différence du BDSM consensuel, cette dynamique est marquée par un manque de respect et une absence de frontières sûres, ce qui en fait une relation profondément toxique et destructrice. Liza semble initialement être en quête de l’amour et d’une place dans la vie de Giorgio, mais elle finit par s’effacer complètement dans cette relation où elle est réduite à un objet d’expérimentation et de manipulation. En cela, Liza utilise certains motifs visuels et psychologiques du BDSM pour creuser la psychologie de l’auto-annihilation dans une relation où le contrôle devient une forme de violence mentale plus que physique.

Le film de Ferreri explore donc la perversion d’une relation intime et pousse le concept de domination-soumission à l’extrême, en soulignant non pas le plaisir consenti ou le respect mutuel, mais la perte d’identité et de dignité humaine. Le BDSM dans Liza devient un outil narratif pour examiner l’abus de pouvoir et la façon dont certaines personnes peuvent être prêtes à se sacrifier complètement dans l’espoir de recevoir de l’affection ou de l’acceptation.