Synopsis
(1. La Tête coupée) Dans le bureau de Philippe Guérande, journaliste au Mondial, un dossier concernant l’organisation criminelle des Vampires est volé par un garçon de bureau du journal, Oscar Mazamette. Philippe Guérande le démasque, lui pardonne et le prend à son service. Puis il part en reportage en Sologne où un inspecteur de police a été décapité. Guérande découvre sa tête chez le docteur Nox au château de la Chesnaye, mais le docteur a été assassiné par le Grand Vampire, le chef de la bande, qui a pris sa place. Il assassine pour la voler une riche américaine, et parvient à s’enfuir.
(2. La Bague qui tue) De retour à Paris, Philippe Guérande doit rencontrer la danseuse Marfa Koutiloff qui est la vedette d’un spectacle parodique sur les Vampires. Mais le Grand Vampire intervient sous l’identité du comte de Noirmoutier. Il offre à Marfa une bague empoisonnée, et la danseuse s’écroule sur scène, morte. Guérande a reconnu en Noirmoutier le docteur Nox et part à sa poursuite, mais il est capturé et menacé d’être exécuté. Il est délivré par Mazamette, Vampire repenti qui redevient définitivement un honnête homme.
(3. Le Cryptogramme rouge) Philippe cherche à décrypter un carnet secret qu’il a trouvé dans le repaire des bandits. Il va ainsi dans le cabaret le « Chat-Huant » où se produit l’égérie de la bande des Vampires, Irma Vep (Musidora). Celle-ci se fait engager comme bonne chez Guérande et essaye en vain de reprendre le carnet. Les criminels enlèvent alors sa mère. Séquestrée par le père Silence, elle le frappe avec le « stylo qui tue » (volé par Mazamette aux Vampires) et parvient à s’échapper.
(4. Le Spectre) Le Grand Vampire, sous les traits de l’agent immobilier Treps, loue un appartement à un certain Moreno, qui s’avère être « un collègue ». Irma devient alors Juliette, secrétaire à la banque Renoux-Duval. Les bandits tuent et jettent du train le fondé de pouvoir Menadier qui devait transporter des fonds de la banque, afin que Juliette soit chargée de la mission. Mais le lendemain, le « spectre » de Ménadier apparaît : c’est en fait Moreno, tombé par hasard sur cette affaire et qui se positionne comme rival des Vampires. Mais Guérande parvient à la faire arrêter.
(5. L’Evasion du mort) Moreno s’évade du dépôt après avoir simulé sa mort par empoisonnement. Philippe Guérande est enlevé par les Vampires, transporté dans une malle et s’enfuit quand la malle dévale les escaliers de Montmartre. Il est enlevé à nouveau, cette fois par Moreno, à qui il révèle que le Grand Vampire a pris l’identité du baron de Mortesaigues. Les Vampires endorment et dépouillent les invités d’une réception donnée par le faux baron, en l’honneur de sa nièce jouée par Irma. Moreno, grâce au renseignement donné par Philippe, s’empare du butin transporté sur le toit d’une voiture.
(6. Les yeux qui fascinent) Philippe et Mazamette, à la poursuite des Vampires, enquêtent en forêt de Fontainebleau. Ils tombent sur deux aventuriers qui ont dérobé une forte somme au milliardaire américain Geo Baldwyn. Le Grand Vampire, sous les traits du comte de Kerlor, est aussi sur cette piste. Irma Vep vêtue d’un collant noir s’empare du plan indiquant l’emplacement du trésor, mais elle est enlevée par Moreno. Mais c’est Mazamette qui a trouvé le trésor, dont Balwyn lui fait don. Moreno hypnotise Irma Vep, lui fait assassiner le Grand Vampire et en fait sa maîtresse.
(7. Satanas) Pendant que Mazamette mène la grande vie au Joyeux Cagibi, Moreno et Irma Vep impressionnés par un coup de canon tiré sur ce même établissement, doivent faire leur soumission à Satanas alias Dupont-Verdier, le nouveau grand maître des Vampires. Moreno avec ses complices Fleur-de-Lys et Irma parvient à escroquer Geo Baldwyn de passage à Paris. Mais Mazamette reconnaît Fleur-de-Lys à la banque. Avec Guérande, il tend un piège à Moreno et Irma qui sont arrêtés.
(8. Le maître de la foudre) Moreno est exécuté, et Irma Vep doit être transférée dans une colonie pénitentiaire en Algérie. A Port-Vendres, Satanas déguisé en religieux fait couler à coups de canon le navire Jean-Bart qui emmène Irma, pour tenter de la délivrer. A Paris, Mazamette et son fils Eustache trouvent la trace de Dupont-Verdier et de ses explosifs, puis sauvent Philippe que les Vampires voulaient faire sauter dans sa maison. La bande est arrêtée tandis qu’Irma, qui a survécu à la catastrophe du Jean-Bart, rentre à Paris. Le nouveau chef des vampires, le chimiste Venenos, fait parvenir du poison à Satanas qui se suicide dans sa cellule.
(9. L’homme des poisons) Philippe se fiance avec Jane Brémontier. Les Vampires louent l’appartement au-dessus de celui de Jane, et découvrent ainsi les détails du repas de fiançailles. Venenos et ses complices se substituent aux organisateurs et empoisonnent le Champagne. Mais tout est découvert quand le concierge en boit une coupe. Philippe veut mettre sa fiancée à l’abri à Fontainebleau, mais Irma Vep découvre la cachette. Philippe et Mazamette l’arrêtent mais elle est délivrée par Venenos et tous deux peuvent s’enfuir.
(10. Les noces sanglantes) Philippe et Jane se sont mariés, mais les Vampires n’ont pas renoncé. En hypnotisant Augustine, la veuve du concierge empoisonné devenue femme de chambre du couple, ils parviennent à s’introduire dans la maison, et enlèvent Jane et Augustine. Mazamette et Philippe retrouvent leurs traces grâce à une fuite d’huile de leur voiture. La police cerne la maison où la bande fête les noces de Venenos et Irma Vep. Lors de l’assaut, Venenos se tue en tombant du balcon. Irma est abattue par Jane qu’elle venait narguer dans sa cellule. Le couple Guérande est réuni, et Mazamette épouse Augustine.
Commentaires
Dans « Les Vampires », la série de Louis Feuillade, on peut percevoir des éléments de sadomasochisme à travers certaines relations de domination, de manipulation, et de violence psychologique entre les personnages. Ce n’est pas un thème central explicite, mais il imprègne les dynamiques entre les membres de la bande criminelle et leurs victimes, ainsi que dans les interactions entre les personnages principaux, notamment Irma Vep, la figure féminine fatale, et ses complices ou adversaires.
Irma Vep, la femme fatale dominatrice : Irma Vep est l’incarnation de la dominatrice. Son nom, une anagramme de « vampire », la lie à cette image de prédatrice. Elle exerce un pouvoir sexuel et une domination psychologique sur ceux qu’elle séduit, avant de les manipuler ou les détruire. Irma Vep est au cœur d’une relation de pouvoir où elle utilise ses charmes pour soumettre les hommes, jouant ainsi avec la notion de domination érotique. Elle incarne une féminité dangereuse, souvent associée à des pratiques qui flirtent avec le sado-masochisme, notamment dans son exploitation de la souffrance et du contrôle psychologique.
Les Vampires, domination et soumission : la bande des Vampires, dont Irma fait partie, fonctionne sur un système de domination totale des victimes. Ils les capturent, les ligotent, les droguent ou les assassinent. Ce pouvoir qu’ils exercent, où la vie et la mort des autres sont entre leurs mains, joue sur des dynamiques de sadisme, où la souffrance infligée devient un plaisir pour les criminels. Il y a un certain plaisir esthétique dans la mise en scène de l’asservissement de leurs proies, avec un goût pour l’humiliation et la mise en scène macabre.
Séduction, trahison et souffrance : les relations entre Irma Vep et ses victimes (et parfois même ses complices) sont empreintes de traîtrise et de manipulation, souvent au sein de scénarios où la souffrance psychologique et émotionnelle est exacerbée. Irma n’hésite pas à trahir ses alliés pour s’en sortir, et ceux qui tombent sous son charme sont souvent des victimes consentantes de leur propre autodestruction, flirtant ainsi avec le masochisme. Cette idée de consentement à la souffrance est présente dans la façon dont certains personnages subissent passivement leur propre sort à cause de leur fascination pour Irma.
Le déguisement et la transformation : un autre aspect qui peut évoquer le sado-masochisme est l’usage de déguisements et de transformations par les membres des Vampires, notamment par Irma Vep. Le travestissement et les changements d’identité jouent sur l’idée de manipulation, où le plaisir provient de la transformation de soi et de la domination psychologique sur autrui. L’identité flexible d’Irma, qui passe d’une identité à l’autre, renforce son pouvoir de contrôle et de domination sur ses victimes, soulignant une forme de sadisme psychologique.