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Le BDSM et la domination au Cinéma

La vie selon Ann

Sortie : 2023
La vie selon Ann

Présentation officielle / Extrait

Titre original : The Feeling That the Time for Doing Something Has Passed
Réalisation : Joanna Arnow
Sortie : 2023

Synopsis

Ann (Joana Arnow) est une trentenaire new-yorkaise qui explore sa sexualité à travers des relations BDSM en tant que soumise. Mais son amant Allen en profite surtout pour ne pas se soucier de son plaisir. Elle est généralement nue pendant que lui reste habillé et lui donne des ordres absurdes. Son travail de bureau est monotone et peu gratifiant (sa cheffe lui dit qu’elle travaille elle-même à rendre son poste obsolète) et ses relations avec sa famille juive querelleuse sont ponctuées de dialogues absurdes. Son amant trouve qu’elle parle trop, parfois il la bâillonne.

Ann rencontre d’autres partenaires de façon plus ponctuelle, comme Thomas, un musicien, qui finit par rompre parce qu’il renoue avec son ex. Ces relations explorent des facettes plus frivoles, parfois absurdes, de la dynamique BDSM dans un cadre plus ponctuel ou désorganisé.

Elle héberge une amie qui vient de quitter son compagnon infidèle, et qui critique le fait que les murs soient nus. A son travail a lieu une restructuration, l’intitulé de son poste va changer, mais ce sont les RH qui décident. Ils optent pour « spécialiste de formation en ligne », et donnent aux employés des cours de yoga en guise d’accompagnement du changement. Ann rencontre un autre homme qui la déguise en Piggy la Cochonne et veut lui apprendre à le faire jouir. Il la fait se masturber sur la terrasse de son appartement.

Ann retrouve Allen (sur le site de rencontre où elle s’est connectée sous un autre nom) et reprend avec lui le même type de relation. Elle apprend qu’il est sioniste et passe ses vacances en Israël. Elle passe un week-end avec ses parents avec qui elle n’échange que des banalités. Ann continue ses recherches sur le site, sans résultat convaincant.

Avec Chris, Ann engage une relation plus classique et plus romantique, et elle lui dit qu’elle souhaite s’engager plus sérieusement. Mais son naturel soumis revient à l’occasion, comme quand elle lui fait une fellation, ou quand elle s’exhibe nue devant lui. Il accepte d’être aussi dominateur « à mi-temps », et leur relation prend un tour plus sérieux. Chris écrit une chanson intitulée « Le Sentiment que le temps de faire quelque chose est passé ».

 

Commentaires

Dans La Vie selon Ann, le BDSM est un élément central qui sert à explorer les thèmes de la soumission, du contrôle et de l’absurdité des dynamiques humaines. Le film aborde ces pratiques de manière dédramatisée et introspective, tout en y injectant un humour pince-sans-rire.

Ann explore activement son rôle de soumise dans des relations BDSM. Ses interactions avec des dominants mettent en avant son désir de trouver un cadre structuré pour exprimer sa sexualité, mais aussi son ambivalence face à la passivité qu’implique ce rôle. La soumission devient un moyen pour Ann de ressentir un contrôle paradoxal sur sa vie, en se déchargeant de certaines responsabilités émotionnelles et sociales.

Contrairement à la représentation souvent dramatique ou intense du BDSM dans les films, ici, ces pratiques sont insérées dans le quotidien d’Ann de manière presque routinière. Les scènes BDSM sont souvent dénuées de glamour et mettent en avant leur côté fonctionnel, illustrant l’absurdité de la recherche de sens à travers des actes codifiés.

L’esthétique du film juxtapose des pratiques BDSM à des situations banales, soulignant le contraste entre l’intensité émotionnelle ou physique de ces pratiques et la monotonie du reste de la vie d’Ann. Cela crée un effet d’humour noir, où le plaisir est souvent teinté de malaise.

Les dominants avec lesquels Ann interagit ne sont pas idéalisés ou mystifiés. Ils sont souvent représentés comme des individus ordinaires, parfois maladroits, ce qui humanise ces rôles et démystifie les clichés associés au BDSM. La dynamique entre Ann et ses dominants varie, passant de relations relativement consensuelles et respectueuses à des interactions plus froides et impersonnelles.

Le parcours BDSM d’Ann reflète son besoin de se définir à travers des structures extérieures, tout en questionnant ce qu’elle recherche réellement dans ces pratiques. Ses interactions montrent une tentative de combler un vide existentiel, mais elles soulignent également les limites du BDSM comme moyen de trouver un épanouissement durable.

Les interactions sadomasochistes d’Ann servent souvent de miroir à son besoin de validation personnelle, qu’elle n’arrive pas à obtenir autrement dans sa vie professionnelle ou sociale. À travers les pratiques BDSM, le film illustre l’absurdité des relations humaines, où les dynamiques de contrôle et de soumission se reflètent dans d’autres aspects de la vie.

Les amants d’Ann ne sont pas définis par leurs caractéristiques précises, mais plutôt par la nature de leur relation avec elle, souvent marquée par des rapports de domination et de soumission. Le dominant principal, Allen, incarne le rôle classique de dominant dans la relation BDSM. Leur lien est récurrent et structuré par des codes bien établis, où Ann adopte une position de soumission. Leur relation met en lumière la quête d’Ann pour un cadre sécurisé dans lequel elle peut explorer sa sexualité, tout en questionnant son propre besoin de validation et les limites de cette dynamique.

Ann rencontre plusieurs autres partenaires, souvent dans un cadre plus ponctuel ou désorganisé. Ces relations explorent des facettes plus frivoles, parfois absurdes, de la dynamique BDSM. Ces interactions sont souvent teintées d’humour noir et de malaise, révélant les contradictions et les maladresses dans ses tentatives de trouver un équilibre entre son désir de soumission et son besoin d’indépendance émotionnelle.

Avec le dernier, Chris, elle tente d’établir une relation plus conventionnelle. Comprenant son besoin, il accepte qu’elle continue à voir des « maîtres », et finit par s’essayer lui aussi à la domination, avec la même maladresse que les autres.
En somme, La Vie selon Ann offre une perspective nuancée sur le BDSM, le présentant non pas comme une déviance, mais comme une expression légitime de la sexualité, tout en questionnant les normes sociales et les attentes liées aux relations humaines.

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