Synopsis
Maurice Legrand (Michel Simon), modeste caissier à la bonneterie Henriot, est un artiste peintre amateur. Il est marié à Adèle, une mégère veuve d’un adjudant mort à la guerre, qui lui rend la vie impossible. Un jour il rencontre Lucienne, dite Lulu (Janie Marèse), jeune femme de petite vertu qui se dispute avec son souteneur, Dédé. Avec l’assentiment de ce dernier qui prend Legrand pour un homme riche, Lucienne n’a aucun mal à le séduire.
Legrand installe donc Lucienne dans un petit appartement, et croit vivre un grand amour avec elle. Sa femme ne voulant plus de ses tableaux, il les a placés chez Lucienne. Dédé les vend au marchand Wallstein en faisant croire qu’ils sont de Lucienne, rebaptisée pour la circonstance Clara Wood. Peu farouche avec les critiques et les clients de la galerie, la fausse Clara connaît un certain succès. Mais Dédé réclame toujours plus d’argent, et pour satisfaire les demandes de Lucienne, Legrand puise dans sa caisse.
Un jour Legrand tombe sur l’adjudant qui n’est pas mort, mais l’a fait croire pour fuir sa femme. Il parvient à l’attirer dans un piège pour l’obliger à reprendre sa vie avec Adèle. Libre comme l’air, Maurice se précipite chez Lucienne mais la trouve au lit avec Dédé. Il part sans dire un mot.
Le lendemain matin, Maurice revient chez Lucienne, essaie de la convaincre de son amour. Mais Lucienne lui rit au nez, lui lance qu’elle ne l’a jamais aimé, qu’elle n’en voulait qu’à son argent et ses tableaux. Pris d’une crise de folie meurtrière, il la tue, et parvient à sortir discrètement de l’immeuble. Peu après Dédé arrive à son tour dans sa belle voiture, se faisant remarquer de tout le quartier. Et donc quand le crime est découvert, il est immédiatement soupçonné.
Ses antécédents ayant de plus joué en sa défaveur, Dédé est condamné et exécuté. Legrand n’est donc pas inquiété, mais ses détournements ayant été découverts, il perd son emploi. Plus tard, devenu clochard, il retrouve l’adjudant devenu veuf et tous deux voient un riche client emporter une toile de « Clara Wood ».
Commentaires
Michel Simon présente dans ce film une personnalité masochiste assez marquée, exploité d’abord par une mégère, puis par une vamp, jusqu’à sa révolte finale.
La relation de Legrand avec Lucienne en particulier révèle des traits de masochisme émotionnel et psychologique, notamment à travers son comportement soumis et son incapacité à se libérer de sa fascination pour elle, malgré les abus qu’il subit.
Soumission totale à Lucienne : Legrand est prêt à tout sacrifier pour Lulu, même après avoir découvert qu’elle est liée à un autre homme, Dédé, qui l’utilise et le manipule pour obtenir de l’argent. Legrand accepte cette humiliation sans broncher, continuant à lui offrir des cadeaux et de l’argent, aveuglé par son amour. Cette soumission à Lulu, qui ne cesse de l’humilier et de l’exploiter, illustre une forme de masochisme psychologique. Il éprouve un étrange besoin de continuer à être maltraité, acceptant son rôle de victime.
Incapacité à rompre : Legrand semble incapable de rompre avec Lulu, même lorsqu’il devient clair qu’elle ne ressent rien pour lui et le méprise. Il persiste à vouloir être avec elle, malgré ses mensonges et ses infidélités, ce qui montre une forme de dépendance émotionnelle masochiste.
Le désir de punition et d’humiliation : le masochisme de Legrand n’est pas uniquement sexuel, mais aussi émotionnel. Il semble chercher inconsciemment la punition et l’humiliation dans ses relations. Il accepte de se laisser humilier par Lulu et son amant, préférant subir plutôt que de se libérer. Ce comportement, dans une certaine mesure, reflète une dynamique sado-masochiste où le personnage retire une sorte de satisfaction psychologique de son rôle de martyr.
Le personnage de Maurice Legrand, joué par Michel Simon, est un parfait exemple de masochisme émotionnel dans le cinéma. « La Chienne » explore cette dimension de manière subtile, en montrant comment un homme, pris dans un amour non réciproque, en vient à accepter la souffrance et l’humiliation comme partie intégrante de sa vie. Le masochisme de Legrand est émotionnel plutôt que physique, mais il illustre parfaitement les dynamiques de pouvoir, de contrôle et de soumission dans une relation toxique.