Synopsis
Gwendoline (Tawny Kitaen), une jeune fille naïve, part pour la Chine avec sa suivante Beth pour retrouver son père, collectionneur de papillons disparu mystérieusement. Dès son arrivée, elle est enlevée par une bande de gangsters qui veulent abuser d’elle, mais elle est sauvée par un bel aventurier nommé Willard, qui voulait surtout récupérer l’argent que lui devait le gangster. Finalement, il accepte de l’aider.
Un certain Shirko lui confirme qu’il a vu son père avant qu’il ne parte pour le désert de Yik Yak, un endroit « dont on ne revient pas ». Gwendoline demande à Willard de l’emmener là-bas, mais il refuse énergiquement, bien que la jeune femme ne lui soit pas indifférente. Il finit par accepter, d’autant plus qu’il a été chargé de livrer une mystérieuse marchandise. Très vite, il doit se débarrasser d’un bateau entier de pirates qui voulaient lui voler son chargement. Peu après, ils arrivent à Takoma, point de départ de l’expédition.
Willard y retrouve Tom, à qui il doit livrer les paquets, et qui leur apprend que le père de Gwendoline a été tué. La jeune fille décide cependant d’aller à Yik Yak pour trouver le papillon et lui donner le nom de son père. Elle s’arrange avec Tom pour trouver l’argent qui convaincra Willard de l’accompagner. Tous trois se lancent donc dans un pays de plus en plus hostile. Ils sont rapidement faits prisonniers par une tribu primitive, les Kheops. L’un d’eux possède les jumelles du père de Gwendoline.
Attachés près l’un de l’autre en attendant leur exécution, Gwendoline et Willard s’imaginent faisant l’amour. Mais au matin, Willard parvient à neutraliser leur gardien et à libérer ses compagnes. Ils parviennent tous trois à s’enfuir, mais sont pris dans une terrible tempête de sable, le Kalibido. Ils découvrent une faille dans le désert où semble vivre le papillon. Beth descend la première, attrape le papillon, mais elle est enlevée par une nouvelle peuplade, cette fois composée uniquement de femmes légèrement vêtues.
Gwendoline et Willard s’habillent comme les guerrières et se lancent à la rescousse de Beth. Devant le danger, Willard avoue enfin à Gwendoline qu’il l’aime. Au cours d’escarmouches avec les guerrières, celles-ci découvrent vite que Willard est un homme, mais il parvient à fuir. Gwendoline tombe sur une salle de torture où elle retrouve Beth. Elle fait alors la connaissance de la Reine et de d’Arcy, un savant fou qui l’aide à exploiter les mines de diamant issues d’un ancien cataclysme.
La Reine veut que Willard féconde une de ses guerrières, mais Gwendoline apprend que, comme pour les insectes, cette étreinte sera fatale pour Willard. Elle échange alors son casque avec une guerrière tuée par Beth afin de se faire passer pour morte. Elle fait alors partie des quatre guerrières qui doivent s’affronter pour Willard, mais d’Arcy l’a reconnue et lui conseille de fuir. Deux des guerrières sont tuées, Gwendoline affronte la dernière, aidée de Beth armée d’un bouclier en forme de papillon. Après un combat homérique, Gwendoline parvient à se débarrasser de son adversaire.
La cérémonie commence et la Reine découvre avec fureur l’identité de la guerrière victorieuse. Mais d’Arcy fait exploser toutes les installations. Gwendoline et Beth parviennent à sortir de justesse et arrivent sur les dunes, pendant que Willard s’attardait pour emporter des diamants. Mais Willard arrive à son tour avec un spécimen de papillon, et Gwendoline se jette dans ses bras.
Commentaires
Gwendoline de Just Jaeckin est un film d’aventure érotique basé sur la bande dessinée Les aventures de Gwendoline de John Willie. Le film se démarque par son esthétique unique, mélangeant une imagerie BDSM et un ton aventureux parfois absurde.
Fidèle à l’univers graphique de la bande dessinée, Jaeckin propose des costumes et des décors très stylisés, avec une ambiance érotico-fantastique. Les scènes dans le royaume des femmes guerrières, avec leurs tenues en cuir et latex, traduisent une certaine fascination pour l’imagerie BDSM. L’influence de l’œuvre de John Willie se ressent dans les scènes de domination, de soumission et les poses sculpturales qui jalonnent le film.
Cet aspect BDSM est à la fois explicite dans ses inspirations visuelles et implicite dans les dynamiques de pouvoir et de contrôle qui sous-tendent de nombreuses scènes.
L’univers visuel de Gwendoline est profondément influencé par l’esthétique BDSM, notamment par le travail de John Willie. Les guerrières du royaume de femmes portent des tenues de cuir, latex et métal, typiques des codes vestimentaires BDSM. Ces matériaux évoquent la contrainte, le fétichisme et la soumission volontaire. On trouve aussi des éléments comme des chaînes, des harnais et des cages, qui incarnent des symboles explicites de captivé et de contrôle. Les postures adoptées par les personnages féminins (dos cambrés, mains liées, immobilisation) reprennent directement des codes esthétiques du bondage.
L’univers matriarcal du royaume des femmes guerrières met en avant des figures de domination féminine. Les guerrières détiennent le pouvoir, contrôlent les hommes réduits à l’état d’objets ou de subalternes, et imposent des rituels parfois humiliants. Ce renversement des rôles traditionnels souligne une inversion des normes patriarcales.
La relation entre Gwendoline et Willard, qui incarne le héros masculin classique, inclut des moments où il est dominé, moqué ou manipulé. À l’inverse, Gwendoline, bien que naïve au début, devient de plus en plus affirmée, assumant un rôle de contrôle dans leur duo. Cette tension reflète une forme de jeu de pouvoir, caractéristique des relations BDSM. Plusieurs scènes montrent des personnages (souvent Gwendoline elle-même) attachés ou retenus contre leur gré, ce qui introduit des thématiques liées au contrôle du corps. Ces moments oscillent entre une mise en scène érotique et une exploration des limites entre contrainte et consentement.
Gwendoline s’inscrit dans un moment où l’imagerie BDSM était en pleine émergence dans la culture populaire : les années 80 ont vu un regain d’intérêt pour les sous-cultures fétichistes, en partie grâce à des photographes comme Helmut Newton et des artistes comme Pierre Molinier.