Synopsis
Le cadavre d’un homme assassiné flotte sur le ventre, dans une piscine. Lui-même raconte alors qu’il était un scénariste raté, Joe Gillis (William Holden), criblé de dettes. Fuyant deux huissiers venus saisir son automobile, il parvient par hasard sur Sunset Boulevard, dans une allée privée. Un domestique allemand, Max (Erich von Stroheim), le fait entrer. La propriétaire le prend pour un croque-mort venu livrer un cercueil pour son chimpanzé mort. Gillis reconnaît Norma Desmond (Gloria Swanson), une vieille gloire du cinéma muet tombée dans l’oubli. Apprenant qu’il est scénariste, elle lui propose de l’employer pour mettre en forme un scénario sur Salomé, qu’elle a l’intention d’incarner pour son retour. Gillis saisit cette chance de gagner de l’argent.
Joe se retrouve bientôt totalement dépendant financièrement de Norma, qui lui offre vêtements et cadeaux. Gêné par cette situation, il ne fait cependant rien pour la changer. Le dégoût le gagne quand Norma lui révèle au soir du 31 décembre qu’elle l’aime. Repoussant ses avances, il rejoint une fête organisée par un ami et discute avec une jeune femme ambitieuse, Betty, qui se montre intéressée par l’un de ses projets. Mais lorsqu’il téléphone chez Norma Desmond pour annoncer son départ, il apprend que Norma a tenté de se suicider. Il revient en catastrophe, pour rassurer Norma, et reste finalement.
Leur situation s’installe donc tandis que le travail sur Salomé avance, jusqu’à ce que Norma l’envoie à son ami Cecil B. DeMille. Contactée par des collaborateurs du réalisateur, elle pense que DeMille est intéressé et se rend au studio pour le rencontrer. Là, Gillis et Max comprennent que le studio est seulement intéressé par la voiture de Norma, une antique Isotta Fraschini, pour une reconstitution. Un détail que tous passent sous silence pour ménager l’ancienne star.
À cette occasion, Joe retrouve Betty. Il accepte dès lors de collaborer avec elle à un scénario. Une romance naît entre eux. Lorsque Norma le découvre, elle téléphone à Betty pour révéler les secrets de la vie de Joe. Ce dernier découvre le stratagème, saisit le combiné et fait venir Betty pour lui montrer lui-même son cadre de vie. Il parvient à effrayer Betty. Norma crie victoire, mais Joe l’écarte et fait ses valises pour la quitter. Norma le menace d’un pistolet, il ne la prend pas au sérieux mais, lorsqu’il sort de la maison, elle tire plusieurs fois. Joe tombe mort dans la piscine.
Le matin suivant le crime, Norma, entourée de détectives et de journalistes, semble perdue dans le fantasme d’un retour sur les plateaux de tournage. Lorsque les caméras des actualités s’installent, elle leur offre une lente descente d’escalier en croyant tourner une scène de Salomé. La voix de Gillis signale que le rêve de Norma de retrouver la gloire des caméras s’est réalisé de la façon la plus inattendue. L’actrice dit son bonheur de faire un nouveau film, avec ces mots pour conclusion : « Voilà, M. DeMille, je suis prête ». Elle s’approche alors de la caméra, le regard fixe et halluciné.
Commentaires
Le film Sunset Boulevard (plus connu sous le nom de Boulevard du Crépuscule) datant de 1950 par Billy Wilder n’aborde pas explicitement le BDSM, mais certaines dynamiques psychologiques et relationnelles peuvent être interprétées comme relevant de cette thématique, de manière métaphorique ou symbolique.
Domination et soumission dans la relation Norma-Joe : cette relation s’inscrit dans une dynamique de pouvoir asymétrique qui peut rappeler certains aspects du BDSM. Norma, figure dominante, exerce un contrôle émotionnel et financier sur Joe, qui, bien qu’initialement réticent, se soumet progressivement à cette emprise. Norma impose ses règles, ses attentes et ses désirs, allant jusqu’à contrôler l’espace physique (sa maison) et les choix de Joe. Joe accepte cette relation par opportunisme au début, mais se retrouve progressivement pris au piège, incapable de briser l’engrenage.
La maison de Norma peut être vue comme une métaphore du donjon BDSM : un lieu isolé, chargé d’une esthétique baroque et oppressante, où la dynamique de pouvoir s’exprime pleinement. Joe y perd peu à peu son autonomie, comme un soumis enfermé dans un cadre contrôlé par le dominant.
Norma utilise la manipulation émotionnelle (notamment ses tentatives de suicide) pour maintenir Joe sous son contrôle. Cela reflète une dynamique toxique où le pouvoir s’exerce par des moyens psychologiques plutôt que physiques, mais qui rappelle les enjeux de confiance et de limites présents dans le BDSM.
Le rôle de Max : Max, le majordome, l’ancien époux et fidèle serviteur de Norma, peut être vu comme un autre personnage dans une position de soumission extrême. Sa dévotion totale envers Norma, jusqu’à entretenir ses illusions, illustre une forme de soumission psychologique qui s’étend au-delà de la sexualité.
Enfin, le personnage de Norma Desmond exalte une théâtralité constante, comme si chaque interaction était une scène jouée selon ses règles. Cela peut rappeler la mise en scène et le rituel présents dans certaines pratiques BDSM, où les rôles de dominant et de soumis sont performés avec intensité.
Si Sunset Boulevard ne traite pas directement du BDSM, les relations entre les personnages, en particulier entre Norma et Joe, comportent des éléments métaphoriques qui évoquent des dynamiques de domination et de soumission. Ces éléments renforcent l’atmosphère étouffante et tragique du film, tout en offrant un parallèle fascinant avec les jeux de pouvoir et de contrôle présents dans des relations BDSM.