Synopsis
Mary Mason (Katharine Isabelle) est une brillante étudiante en chirurgie qui galère financièrement. Pour joindre les deux bouts, elle accepte un job dans un club de strip-tease, mais très vite, une opportunité inattendue s’ouvre à elle : effectuer des opérations clandestines de body modification pour une clientèle underground. Elle se retrouve entraînée dans un univers extrême où les fantasmes de transformation du corps deviennent réalité : langues coupées, peaux tatouées ou retirées, sexes transformés… Mais après une agression traumatisante, Mary bascule. Ce qui était au départ une activité marginale devient un moyen de vengeance, de réappropriation et de domination, jusqu’à une spirale de violence fascinante et glaçante.
Commentaires
American Mary explore le BDSM à la frontière entre le fantasme, la transgression et la terreur. Il en adopte plusieurs codes visuels, psychologiques et fétichistes, qu’il détourne pour en faire une critique du pouvoir, du corps, du regard médical et patriarcal.
Le cœur du film repose sur la modification volontaire du corps, souvent pour des raisons esthétiques, identitaires ou sexuelles. Des clientes comme Beatress (qui ressemble à Betty Boop) ou Ruby Realgirl (qui veut devenir une poupée sans orifices génitaux) expriment des désirs proches du fétichisme identitaire ou du doll play, deux sous-genres BDSM. Le geste chirurgical devient un outil de performance et de transformation fétichiste.
Mary devient une sorte de Mistress chirurgicale. Froide, distante, élégante en latex noir dans certaines scènes, elle incarne une nouvelle forme de dominatrice : non pas par le fouet, mais par le scalpel. Son pouvoir sur les corps est total. Ses clients se livrent à elle avec confiance et dévotion, parfois même avec adoration — ce qui renvoie à la relation Dominant·e/Soumis·e dans son versant le plus extrême.
Après avoir été agressée sexuellement par un professeur (dans une scène insoutenable), Mary retourne les rôles. Elle devient celle qui contrôle, qui attache, qui coupe. Cette dimension évoque le revenge BDSM où la douleur devient une façon de reprendre le pouvoir, mais avec une ambiguïté morale dérangeante. Le lien entre douleur, justice et plaisir traverse le film comme un fil rouge, tout en le rendant très inconfortable.
Esthétiquement, le film regorge d’éléments BDSM : tenues en latex, gants, bistouris brillants comme des instruments SM, lieux souterrains où se déroulent les opérations… Tout cela participe d’un imaginaire fétichiste, très stylisé, où le sang devient presque une parure.
Mary est à la fois une chirurgienne, une artiste, une vengeresse, une dominatrice — et, au fond, une femme brisée qui réinvente les règles du jeu à sa manière.