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Le BDSM et la domination au Cinéma

American Gigolo

Sortie : 1980

Présentation officielle / Extrait

Titre original : American gigolo
Réalisation : Paul Schrader
Sortie : 1980

Synopsis

Julian Kaye (Richard Gere) est un escort de luxe à Los Angeles, spécialisé dans la clientèle féminine fortunée. Élégant, cultivé, à l’aise dans les milieux huppés, il mène une vie faite de luxe et de solitude. Mais cette vie bien huilée commence à vaciller lorsqu’il est accusé du meurtre brutal d’une des femmes qu’il fréquentait. Isolé, trahi, Julian tente de prouver son innocence tout en nouant une relation sincère mais périlleuse avec Michelle (Lauren Hutton), l’épouse d’un sénateur influent. Ce lien inattendu pourrait bien être sa perte ou son salut.

Commentaires

Sous sa surface glacée et sensuelle, American Gigolo explore plusieurs thématiques liées au pouvoir, au contrôle, à la marchandisation du corps et à la soumission volontaire – autant d’éléments qui résonnent avec une lecture BDSM implicite.

Julian est littéralement un « objet » sexuel façonné pour plaire. Sa beauté, ses gestes, ses vêtements (la fameuse scène de l’armoire Giorgio Armani), tout en lui est mis en scène, contrôlé, formaté. Il vend son corps, mais aussi son attention, sa voix, son empathie. Ce contrôle absolu de soi pour satisfaire l’autre rappelle certaines dynamiques de domination/soumission, mais inversées : Julian est dominé par les attentes de ses clientes et par un système (capitaliste, sexuel) qui le fétichise.

Même si elles ne portent pas de cuir ou de cravache, plusieurs des femmes qui paient Julian sont clairement dans une position de pouvoir. Elles contrôlent le cadre, le moment, et attendent un service parfait. Cette inversion des rôles classiques (un homme « soumis » à des femmes riches, parfois plus âgées) renverse le schéma traditionnel et rappelle les dynamiques de female domination.

La mise en scène de Schrader, glaciale et élégante, renforce une atmosphère de contrôle et de vide émotionnel. Julian est prisonnier de son image, comme un soumis enfermé dans un rôle qu’il n’a pas entièrement choisi mais auquel il s’est plié avec perfection. Sa rencontre avec Michelle réintroduit une forme d’authenticité émotionnelle — mais à travers la transgression, le danger et la perte de contrôle.

Le meurtre d’une cliente, qui semble avoir été tuée lors d’un rapport sexuel brutal, évoque une frontière poreuse entre jeu de domination et violence réelle. Cela renvoie à une peur classique du BDSM dans le regard extérieur : et si le jeu dérapait ? Et si le plaisir du contrôle devenait destructeur ?

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