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Le BDSM et la domination au Cinéma

12 YEARS A SLAVE

Sortie : 2013

Présentation officielle / Extrait

Titre original : 12 YEARS A SLAVE
Réalisation : Steve McQueen
Sortie : 2013

Synopsis

Ce film est basé sur l’autobiographie de Solomon Northup (Chiwetel Ejiofor), un Afro-Américain libre enlevé en 1841 et vendu comme esclave. Il passe douze ans dans diverses plantations du Sud des États-Unis, confronté à la cruauté des propriétaires, à l’humiliation, au travail forcé et aux violences. Le film suit son combat pour survivre et préserver sa dignité, jusqu’à sa libération.

Commentaires

12 Years a Slave est un film qui interroge la perversion du pouvoir et la possession de l’autre, y compris à travers des codes parfois présents dans les imaginaires fétichistes (maître / esclave, fouet, regard dominateur…). Il nous rappelle, par contraste, l’importance du consentement, de la réciprocité et du respect dans les pratiques BDSM.

Le personnage d’Edwin Epps (Michael Fassbender), propriétaire de plantation, incarne une figure de maître cruel et instable, obsédé par son pouvoir absolu sur ses esclaves, notamment la jeune Patsey. Il utilise son autorité pour exercer un contrôle sexuel et physique : humiliations, coups, viols — il prétend l’aimer, mais la traite comme un objet, un fétiche de sa propre violence. Cette possession perverse est typique d’un fantasme de pouvoir total — mais ici sans aucun consentement, donc profondément destructrice.

Patsey (interprétée magistralement par Lupita Nyong’o) vit une forme de soumission forcée. Elle est battue, violée, jalousée par l’épouse d’Epps, et pourtant reste l’objet de fascination. Cette tension violente entre désir et domination rappelle certaines figures de soumises tragiques, dans le cinéma, mais avec ici une absence totale de consentement. La scène où elle demande à Solomon de la tuer est particulièrement bouleversante. C’est une demande de libération par la mort, face à l’absence de tout contrôle sur son propre corps.

Le film montre des scènes d’une violence extrême (fouets, entraves, suspensions), qui rappellent certains codes visuels du BDSM, mais vidés de leur dimension ludique ou érotique. Le fouet, symbole ambivalent dans l’imaginaire BDSM, est ici l’instrument de la terreur — et c’est peut-être parce qu’il évoque ces ambivalences (domination / soumission, douleur / jouissance) qu’il choque encore plus dans ce contexte réel d’oppression.

Le film est aussi un miroir de fantasmes sombres qui peuvent traverser l’histoire du cinéma érotique — et nous oblige à réfléchir à ce que signifient réellement domination et soumission, selon qu’elles sont consenties ou imposées.

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