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Le BDSM et la domination au Cinéma

Orange Mécanique

Sortie : 1971
Orange mécanique

Présentation officielle / Extrait

Titre original : A Clockwork Orange
Réalisation : Stanley Kubrick
Sortie : 1971

Synopsis

En Angleterre, dans un proche avenir, Alex DeLarge, jeune délinquant passionné par la musique de Beethoven, spécialement la 9e symphonie, est obsédé par le sexe et adepte de l’ultra violence. Il soigne son allure, avec son chapeau melon et de faux cils sous un œil.

Alex est le chef d’une bande, les droogs, qui se compose de Pete, Georgie et Dim. C »est l’une des nombreuses bandes de jeunes qui évoluent dans un univers urbain décadent. Ils s’expriment dans un argot anglo-russe, leur boisson préférée est le Moloko Plus, un lait enrichi de produits hallucinogènes, servi au Korova Milkbar.

Après s’en être intoxiquée, la bande s’engage dans une nuit d’ultra violence. Elle commence par tabasser un vieux vagabond, puis se bat contre une bande rivale menée par Billyboy, interrompant ainsi le viol d’une jeune fille. Enfin, elle vole une voiture, une Durango 95, et conduit, au mépris du code de la route, vers la maison de campagne de l’écrivain politique F. Alexander. Ce dernier est battu avec une telle violence qu’il en restera paraplégique. Masqué à l’instar de ses complices, Alex viole la femme d’Alexander en chantant Singin’ in the Rain.

Le lendemain, alors qu’il reste au lit plutôt que d’aller en cours, Alex reçoit la visite de son contrôleur judiciaire, M. P. R. Deltoid, qui le met en garde contre lui-même et sa violence. Alex n’a que faire de ses remarques et préfère aller chez le disquaire où il aborde deux filles qu’il emmène chez lui, pour copuler en accéléré.

Les droogs font part à Alex de leur mécontentement et exigent un partage plus équitable du butin. Alex, sentant son ascendant sur eux lui échapper, attaque par surprise ses comparses et les jette dans un bassin. La nuit suivante, Alex investit le manoir d’une riche « femme aux chats » qui collectionne les œuvres d’art érotiques. Pendant que ses droogies attendent devant la porte, Alex frappe la femme avec une statue en forme de phallus et l’assomme.

Entendant les sirènes de la police, Alex tente de s’enfuir, mais il est trahi par ses droogs. Dim le frappe au visage avec une bouteille de lait. Alex est interpellé et malmené par la police. À ce moment, M. Deltoid arrive et annonce à Alex que la femme vient de mourir des suites de ses blessures, faisant de lui un meurtrier, et il lui crache au visage. Au tribunal, Alex est condamné à 14 ans de réclusion criminelle et incarcéré.

Deux ans plus tard, en prison, il se porte volontaire pour une thérapie expérimentale appelée « Ludovico », censée éradiquer les pulsions criminelles des délinquants. Il s’agit d’amener Alex, attaché à un fauteuil avec un appareillage qui le force à garder les yeux ouverts, à associer des scènes de violence ou de sexe projetées sur un écran aux douleurs qu’on lui administre en même temps. Lors d’une des séances est projetée une série de scènes sur l’Allemagne nazie dont la bande-son est la Symphonie no 9 de Beethoven. L’admiration d’Alex pour cette œuvre devient une profonde aversion, démontrant efficacité du traitement.

Après deux semaines de ce traitement, le ministre de l’Intérieur organise une démonstration pour prouver qu’Alex est « guéri ». Il se révèle incapable de riposter physiquement à l’attaque d’un acteur qui le provoque et l’insulte, et tombe malade dès qu’il ressent le désir de toucher l’actrice dévêtue qui se présente devant lui.

Après sa remise en liberté, Alex se retrouve inadapté et sans défense face à ses semblables. Tous ses biens ont été saisis par la police pour dédommager les victimes, et ses parents ont loué sa chambre à un étranger, qui le méprise ouvertement. Devenu sans-logis, Alex rencontre le vagabond qu’il avait auparavant passé à tabac. Celui-ci, le reconnaissant, s’adjoint l’aide d’autres clochards pour lui infliger une sévère correction jusqu’à l’intervention de Dim et Georgie, désormais devenus policiers. Profitant de son impuissance, les deux anciens droogies le noient à moitié tout en le rouant de coups.

À bout de forces, il se réfugie chez un homme, qui s’avère être une de ses anciennes victimes, l’écrivain Alexander. Celui-ci ne reconnaît pas Alex car il était masqué lors de l’attaque, mais il a lu son histoire dans les journaux, et veut s’en servir pour affaiblir le gouvernement en dénonçant ses procédés totalitaires. C’est alors qu’il entend Alex entonner Singin’ in the Rain dans son bain. Il identifie alors son hôte comme l’un de ses agresseurs.

Alexander décide d’utiliser la sensibilité d’Alex à la Neuvième Symphonie pour le pousser au suicide : de cette manière, il compte venger l’agression qu’il a subie tout en faisant ensuite attribuer cet acte à la cure critiquée. Il enferme Alex dans une chambre à l’étage et fait jouer la Neuvième Symphonie à travers le plancher. Alex finit par se jeter par la fenêtre.

Alex se réveille à l’hôpital. Il s’avère qu’il a retrouvé son appétence pour la violence et le sexe. Le ministre de l’Intérieur lui offre de prendre soin de lui grâce à un travail bien rémunéré. En contrepartie, Alex doit aider le gouvernement à atténuer son image déplorable auprès des électeurs à la suite de cette affaire. Le ministre fait installer une chaîne stéréo jouant la Neuvième Symphonie dans sa chambre d’hôpital. Tandis que la presse immortalise l’événement, Alex visualise un fantasme où il copule avec une femme dans la neige. Malgré ses pensées lubriques et la musique du compositeur allemand, il ne ressent plus aucune douleur physique : il était guéri.

 

Commentaires

Adaptation du roman d’Anthony Burgess, le film, à la fois dérangeant et culte, explore des thèmes comme la violence, le libre arbitre et la manipulation psychologique.

Bien que le BDSM ne soit pas explicitement thématisé comme dans certaines œuvres axées sur la sexualité alternative, plusieurs éléments du film peuvent être analysés à travers ce prisme, notamment en lien avec les dynamiques de domination, de contrôle et de violence.

Alex est un personnage qui incarne la domination et le contrôle. Son charisme et sa position de chef de gang lui permettent d’imposer sa volonté à ses « droogs ». Cette dynamique évoque une relation de maître à soumis, bien qu’elle soit ici brutale et non consensuelle.

Les scènes où Alex exerce un contrôle psychologique et physique sur son entourage, comme lorsqu’il force ses acolytes à obéir ou qu’il commet des actes violents, renvoient à une exploration extrême et dystopique des dynamiques de domination et soumission.
Alex associe violence et plaisir, ce qui est particulièrement évident dans des scènes marquantes comme l’agression en chantant Singin’ in the Rain. Cette mise en scène esthétique de la violence peut rappeler certaines représentations stylisées de pratiques BDSM, mais ici, elles sont détournées pour évoquer le chaos et l’absence de consentement.

La satisfaction qu’Alex tire de ces actes, souvent accompagnée d’une jouissance quasi érotique, pourrait être analysée comme une perversion des relations de domination qui existent dans des contextes BDSM consensuels.

Lorsqu’Alex subit la thérapie Ludovico, il est contraint à l’immobilité, attaché à une chaise, avec les paupières maintenues ouvertes de force. Cette scène peut être interprétée comme une métaphore inversée du BDSM : il est soumis à un contrôle absolu, mais sans consentement. Sa vulnérabilité totale face aux autorités transforme cet acte en une forme de torture psychologique et physique.
L’impuissance d’Alex face à cette thérapie, où il perd toute maîtrise de lui-même, peut être mise en parallèle avec la notion de soumission dans le BDSM, mais dans un contexte où le consentement est absent, ce qui le rend oppressif et tragique.

Les costumes portés par Alex et son gang, notamment leurs combinaisons blanches, leurs bottes et leurs suspensoirs, ont une connotation visuelle évoquant l’esthétique fétichiste. Leur apparence stylisée renforce l’idée que leur violence est un acte performatif, presque théâtral.

Cette esthétique, couplée à l’atmosphère étrange et décalée du film, peut évoquer certaines représentations du BDSM dans la culture visuelle.

Contrairement aux pratiques BDSM consensuelles qui reposent sur des notions fondamentales comme le consentement, la communication et le respect des limites, Orange Mécanique explore un monde où le pouvoir est imposé par la force et où le consentement est constamment violé. La thérapie Ludovico, tout comme les violences d’Alex, illustre l’effacement de l’individu sous l’effet d’un contrôle absolu, ce qui va à l’encontre des principes éthiques du BDSM.

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