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Le BDSM et la domination au Cinéma

Folies de femmes

Sortie : 1922
Affiche du film Folies de femmes

Présentation officielle / Extrait

Titre original : Foolish Wives
Réalisation : Erich von Stroheim
Sortie : 1922

Synopsis

Trois escrocs se faisant passer pour des aristocrates russes émigrés vivent dans la villa Amorosa près de Monte-Carlo : les princesses Olga et Vera Petschnikoff (Maud George et Mae Busch) et leur cousin le comte Sergius Karamzin (Erich von Stroheim). Le comte extorque de l’argent aux femmes qu’il séduit, et il écoule également la fausse monnaie de son complice Ventucci. Cette fois il jette son dévolu sur Helen Hughes (miss Dupont), la femme du nouvel ambassadeur des Etats-Unis, qui vient de se présenter devant le prince Albert Ier.

Karamzin parvient aisément à charmer Helen, occupée nonchalamment à lire un livre intitulé « Folies de Femmes » à l’Hôtel de Paris. Hughes est très méfiant devant ce prétendu comte, mais Helen accepte de partir avec lui et Olga pour visiter la région. Laissant Olga à l’Hôtel des Rêves, Karamzin et Helen partent à pied mais sont surpris par l’orage.

Se prétendant perdu au milieu des marais, le comte trouve refuge dans la cabane de la mère Garoupe, où ils doivent passer la nuit, tandis qu’Olga téléphone au mari pour le rassurer. Karamzin est alors près d’arriver à ses fins, mais l’arrivée d’un moine, lui aussi perdu au milieu de l’orage, l’en empêche. A l’aube il ramène Helen chez son mari.

Karamzin s’hésite pas à emprunter ses économies à sa bonne, Maruschka, amoureuse de lui et à qui il a promis le mariage. Au casino, il pousse Helen à jouer gros et elle gagne. Son mari et elle sont invités à une soirée de jeu à la villa Amorosa : c’est ainsi que Karamzin écoule la fausse monnaie de Ventucci. Mais Helen décline l’invitation.
Karamzin fixe cependant à Helen un rendez-vous à la villa. Il lui parle d’une dette d’honneur, et Helen est prête à lui remettre ses gains du casino. Mais Maruschka, folle de jalousie, les enferme dans une tour et met le feu à la villa. Ils sont sauvés par les pompiers, tandis que Maruschka se jette dans la mer. Hughes provoque en duel le comte, qui refuse de se battre.

Vera et Olga sont arrêtées et leur véritable identité dévoilée. Pendant ce temps, pris d’un désir subit pour la fille arriérée mentale de Ventucci, Karamzin pénètre dans sa chambre et la viole. Ventucci tue Karamzin, et jette son corps dans les égouts. Et Helen, à côté de son mari à la terrasse de son hôtel, achève de lire son livre, qui conclut que les maris ont souvent plus de noblesse que les séducteurs.

Commentaires

Dans « Folies de Femmes » (« Foolish Wives »), réalisé par Erich von Stroheim, le thème du sadomasochisme est omniprésent à travers les relations entre les personnages, en particulier les manipulations et les jeux de pouvoir orchestrés par le personnage central, le comte Sergius Karamzin, interprété par von Stroheim lui-même.

Le comte Karamzin, une figure sadique : le comte Sergius Karamzin est un personnage manipulateur et pervers, qui incarne la figure du sadique classique. Séducteur et arnaqueur, il utilise son charme et son pouvoir pour exploiter les femmes riches et vulnérables. Sa séduction est toujours liée à la manipulation, où il prend un plaisir évident à contrôler, tromper et humilier ses victimes, particulièrement la naïve Helen Hughes, une femme mariée qu’il séduit dans le but de la dégrader et de lui extorquer de l’argent.

Humiliation et domination psychologique : l’un des aspects les plus marquants du sado-masochisme dans ce film est la domination psychologique que Karamzin exerce sur ses victimes. Plutôt que d’infliger une douleur physique directe, il utilise la tromperie, les mensonges et la manipulation pour soumettre les femmes et les hommes qu’il côtoie. Par exemple, il joue sur la confiance d’Helen et l’amène progressivement à être émotionnellement dépendante de lui, avant de la trahir et de la pousser à des situations d’humiliation publique.

L’érotisme et la souffrance : le film met également en scène une sexualité sadique et un érotisme malsain. Le plaisir que le comte tire de ses conquêtes est directement lié à leur souffrance et à leur humiliation. Cette dynamique érotique entre pouvoir et soumission est typique du sado-masochisme, où le plaisir est lié à la domination de l’autre. Les victimes du comte deviennent des objets de désir qu’il détruit, tout en savourant leur chute morale et psychologique.

Les figures féminines, victimes consentantes ? : les femmes dans « Folies de Femmes » occupent une position ambiguë, souvent en proie à la manipulation de Karamzin, mais parfois aussi consentantes dans leur propre dégradation. Certaines de ces femmes semblent tirer une forme de satisfaction masochiste de leur soumission au comte, acceptant leur humiliation comme une forme de plaisir dérivé du pouvoir qu’il exerce sur elles. Cette dynamique est particulièrement visible dans la relation entre Karamzin et la servante Maruschka, qui l’adore malgré ses abus et sa cruauté envers elle.

Décadence et perversion : le film entier est une exploration de la décadence morale et de la perversion des classes aristocratiques européennes, un thème récurrent dans l’œuvre de von Stroheim. La mise en scène de cette dégradation à travers le prisme du sadomasochisme révèle la fascination de von Stroheim pour les dynamiques de domination, l’érotisme du pouvoir et les jeux pervers entre victimes et bourreaux. Dans ce contexte, la souffrance des personnages devient un spectacle, une composante essentielle de la narration visuelle.