Synopsis
Le film commence par un cours de mythologie et de cosmologie expliquant, en présentant des gravures anciennes, l’origine de l’hystérie anti-sorcières en Occident. Puis nous sommes transportés en 1488 dans l’antre de Karna, une sorcière, et nous la voyons préparer ses potions à partir des restes d’un voleur pendu et de divers animaux. Une femme vient lui demander un philtre pour rentre un moine amoureux d’elle, et le Démon se manifeste de différentes manières, tantôt effrayant, tantôt séducteur (enlevant une femme au lit de son mari). Karna est recouverte de pièces d’or qui disparaissent ensuite.
L’imprimeur Jesper étant mort brutalement, sa femme Anna accuse une vieille mendiante, Maria la Tisserande, de l’avoir ensorcelé. Maria est arrêtée par les Inquisiteurs et, sous la torture, avoue tout ce qu’on veut : avoir enfanté un monstre engendré par Satan, et participé à des sabbats où les participantes se rendent en volant sur des balais et où elles doivent baiser le derrière du Diable. Mais elle dénonce aussi comme sorcières Anna et la plupart des femmes de la maisonnée, qui sont aussitôt condamnées au bûcher. La seule survivante de la famille avec le bébé, la sœur d’Anna, est à son tour emprisonnée, son seul tort étant d’avoir troublé par sa beauté un jeune moine. Elle est condamnée elle aussi comme sorcière.
Huit millions de personnes périront ainsi en deux siècles. Les couvents ne sont pas épargnés : la sœur Cecilia, malgré les flagellations et les auto-tortures, est prise d’une démence mystique qui se communique à tout le couvent : elle réalise elle-même les gestes qu’elle craint le plus, comme de profaner les statues.
De nos jours (1920), on explique les troubles autrefois attribués à la sorcellerie par des désordres psychiatriques tels que l’hystérie. Une kleptomane est surprise par un bijoutier et soignée par les psychiatres. Mais les méthodes de traitement et l’internement des malades ne valent guère mieux que les bûchers du Moyen-âge….
Commentaires
« La Sorcellerie à travers les âges » (« Häxan »), réalisé par Benjamin Christensen en 1922, est un film muet suédo-danois qui mêle documentaire, fiction, et horreur pour explorer l’histoire de la sorcellerie et les persécutions liées à la chasse aux sorcières. À travers une série de vignettes et de reconstitutions dramatiques, le film examine les superstitions médiévales et les pratiques occultes, tout en critiquant les excès de l’Inquisition. C’est un film innovant, souvent considéré comme avant-gardiste pour sa manière de traiter des sujets tabous comme le diable, la possession, et la sorcellerie.
Certains aspects de « Häxan » comportent des éléments de sado-masochisme, même si le film n’est pas explicitement centré sur ce thème.
Scènes de torture et d’humiliation : l’un des éléments les plus troublants du film est la représentation des tortures infligées aux femmes accusées de sorcellerie. Ces scènes, où les femmes sont soumises à des souffrances physiques sous le regard impitoyable des hommes de l’Inquisition, peuvent être interprétées à travers le prisme du sado-masochisme. La violence infligée est souvent ritualisée et justifiée par le pouvoir en place, ce qui reflète certains aspects de la dynamique de domination et de soumission que l’on retrouve dans le BDSM, mais ici dans un contexte de terreur et de répression.
Diabolisme et sexualité : Le film montre également des scènes où le diable et les sorcières se livrent à des orgies ou des rituels sexuels, souvent dans des représentations qui associent la sexualité à la souffrance et au pouvoir. Ces images, bien qu’exagérées et symboliques, évoquent une forme de fantasme de soumission, où les personnages sont à la fois victimes et participants dans des rites occultes où le plaisir et la douleur se confondent.
Le regard masculin sur les corps féminins : dans « Häxan », il y a une focalisation sur les corps des femmes, souvent soumis à des actes de violence ou de domination. Cette objectification, couplée à la fascination pour les punitions corporelles infligées par l’autorité religieuse, peut être vue comme une manifestation d’un certain voyeurisme lié à la souffrance féminine, qui s’apparente à une dynamique sado-masochiste.
Le film a été controversé à sa sortie, en partie à cause de ses images explicites de sexualité et de violence, qui ont choqué les spectateurs de l’époque. Cependant, il a été redécouvert et réévalué plus tard comme un commentaire critique sur les méthodes de persécution, mais aussi sur les représentations du mal et de la sexualité. Certains critiques modernes voient dans « Häxan » une réflexion sur la fascination humaine pour le contrôle, la domination et la douleur, des thèmes qui résonnent dans le BDSM, même si ce n’était probablement pas l’intention première de Christensen.
En somme, bien que « Häxan » ne traite pas directement du sado-masochisme dans un cadre moderne, certains éléments – comme la torture, la domination, et les représentations ritualisées de la souffrance – peuvent être interprétés sous cet angle. Le film explore des aspects psychologiques profonds liés à la soumission, la culpabilité, et la punition, qui sont aussi des thèmes présents dans certaines dynamiques BDSM.