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Le BDSM et la domination au Cinéma

La reine Kelly

Sortie : 1929
Affiche du film la reine Kelly

Présentation officielle / Extrait

Titre original : Queen Kelly
Réalisation : Erich von StroheimRichard Boleslawski
Sortie : 1929

Synopsis

Le Prince Wolfram (Walter Byron), amateur de femmes, est le fiancé de la reine Regina V de Kronberg (Seena Owen), créature maladivement jalouse et cruelle. Une nuit il rentre accompagné de filles légères après ses débauches habituelles, Regina le guette de son balcon, et lui fait de violents reproches. Elle lui ordonne d’aller en manœuvre avec son escadron le lendemain.

Dans la campagne, il croise les orphelines du couvent effectuant leur promenade sous la conduite de religieuses. L’une d’elle, Patricia Kelly (Gloria Swanson), attire son regard. Elle-même est si émue à la vue de Wolfram qu’en esquissant une révérence elle perd sa culotte, suscitant l’hilarité des soldats. Kelly furieuse lance l’objet du délit à la tête du prince. Il le place précieusement dans ses fontes, échange un long regard avec Kelly, puis chacun fait un vœu.

Le soir, Kelly est punie, privée de dîner et de sorties. Pendant ce temps, la reine annonce qu’elle épousera le prince le lendemain. Mais celui-ci ne pense qu’à Kelly et se rend au couvent durant la nuit pour la revoir. Avec son ami Fritz, il provoque une alarme incendie, et profite de la confusion pour enlever Kelly. Ils passent la nuit ensemble au palais, mais au matin, la reine les surprend allongés côte à côte. Elle s’empare d’un fouet et fouette Kelly en la jetant dehors. Désespérée et humiliée, elle court se noyer mais un soldat la sauve, pendant que Wolfram qui a refusé d’épouser la reine est emprisonné.

De retour au couvent, elle reçoit un télégramme de sa tante, mourante, et la rejoint en Afrique où elle tient une maison close. La vieille femme exige qu’elle épouse celui qui a payé ses études, Jan Vryheid, un vieillard lubrique à moitié invalide. Le mariage a lieu immédiatement, les filles de la maison lui faisant un voile de fortune avec une moustiquaire. La tante meurt juste après. Kelly refuse de vivre avec Jan, et dirige la maison close, se faisant appeler « la reine Kelly ». Plus tard, Regina est assassinée, Jan est tué dans une rixe. Wolfram part chercher Kelly en Afrique, monte sur le trône et l’épouse.

Commentaires

Dans « Queen Kelly » réalisé par Erich von Stroheim et inachevé à cause de divergences créatives avec la star Gloria Swanson, le film aborde des thèmes de pouvoir, de domination et de soumission, qui peuvent être vus sous un angle sadomasochiste.

La domination et la soumission : le personnage du Prince Wolfram incarne une figure de pouvoir et de domination. Il est introduit comme un militaire impétueux, fiancé à la reine Regina V, mais il est rapidement attiré par Kelly, une orpheline innocente. Wolfram incarne un type de domination sexuelle et de pouvoir, imposant son désir sur Kelly de manière brutale. Son attraction pour elle est marquée par une dynamique où il semble vouloir la soumettre à ses désirs.

La Reine Regina V, une figure sadique : Regina est une reine impitoyable et dominatrice, qui prend un plaisir cruel à exercer son pouvoir sur ceux qui l’entourent, y compris Wolfram et Kelly. Lorsqu’elle découvre la relation entre Wolfram et Kelly, elle punit sévèrement Kelly, en la fouettant et en l’humiliant publiquement. Regina est clairement dépeinte comme une figure sadique, exploitant son autorité et jouant de son pouvoir pour infliger de la souffrance aux autres.

Humiliation et souffrance : l’élément masochiste est illustré par la souffrance subie par Kelly. La scène où elle est forcée de marcher devant les soldats et de quitter le palais, sous les ordres de Regina, représente une humiliation publique qui correspond à une forme de masochisme émotionnel. Kelly est soumise à une violence psychologique et à une dégradation morale imposée par Regina, qui l’exclut du monde privilégié qu’elle n’avait fait qu’effleurer.

Exploitation sexuelle et domination patriarcale : Kelly est montrée dans un environnement où elle est à la fois exploitée et objet de désir. Une grande partie de la tension sexuelle du film repose sur l’idée que Kelly est transformée en un objet de possession, réduite à une figure vulnérable sous la domination d’hommes et de femmes puissants. Cet aspect d’exploitation sexuelle et de domination peut être lu comme une forme de sadisme, où les puissants jouissent de l’humiliation et de l’abus de ceux qui sont vulnérables.

Bien que « Queen Kelly » n’aborde pas explicitement le sado-masochisme comme un thème principal, le film inclut des dynamiques de pouvoir, de soumission et d’humiliation qui évoquent les éléments centraux du sado-masochisme. Les personnages de Wolfram et surtout de Regina V incarnent des formes de cruauté et de domination, tandis que Kelly subit une dégradation morale et émotionnelle, ce qui introduit une dynamique sadomasochiste subtile mais omniprésente dans l’histoire. Le film reflète les obsessions de von Stroheim pour les relations de pouvoir déséquilibrées et la souffrance des personnages, dans un style visuel qui mélange érotisme et violence.